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Motion de censure : des agriculteurs visent des permanences de députés


AFP le 06/12/2024 à 14:45

Permanences murées, peinturlurées ou recouvertes de fumier : des agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ont visé jeudi et vendredi plusieurs locaux de députés ayant voté la motion de censure, protestant contre une vacance de gouvernement « inadmissible » qui reporte, selon eux, la concrétisation des promesses engagées. (Article mis à jour à 17h06)

« On est capables d’aller montrer les dents », a mis en garde Ludovic Beyrand, agriculteur et trésorier de la FDSEA (antenne départementale de la FNSEA) de Haute-Vienne, avant d’aller murer avec d’autres militants les permanences des députés LFI Damien Maudet et Manon Meunier à Limoges, puis de se diriger vers celle du socialiste Stéphane Delautrette à Nexon.

« On avait obtenu quelques concessions du Premier ministre l’autre jour, on avait des promesses (…). Maintenant, à qui on va avoir affaire. Quand ? Comment ? On ne sait pas », a déploré l’agriculteur auprès d’un correspondant de l’AFP.

En Charente-Maritime, les permanences de trois députés – Fabrice Barusseau (NFP) à Saintes, Benoît Biteau (Verts-NFP) à Rochefort et Pascal Markowsky (RN) à Royan -, ont été vandalisées jeudi soir, selon la préfecture, qui évoque « des déversements de déchets, l’inscription de tags et l’utilisation de mousse expansive pour sceller l’entrée des locaux ».

Estimant « légitime » que les agriculteurs expriment leur « désespoir », le préfet Brice Blondel rappelle dans un communiqué qu’« aucun élu (…) ne doit être inquiété en raison de ses opinions ».

« On s’est attaqué aux députés qui ont voté la motion de censure et qui foutent en l’air tout le travail fait jusqu’à présent pour les agriculteurs », a précisé à l’AFP Cédric Tranquard, président de la FDSEA de Charente-Maritime.

« RN, NFP… On ne fait pas de traitement de différence, on ne fait pas de politique, nous », a-t-il ajouté.

M. Markowsky (RN) a dit sur X comprendre « la détresse des agriculteurs, confrontés à des difficultés sans précédent » et entendre « leur désespoir ».

L’écologiste Benoît Biteau a, lui, fait part de son incompréhension d’être pris pour cible. Il a rappelé qu’au parlement européen où il a siégé, son surnom était « Monsieur niet », en référence à son opposition systématique au Mercosur, tant contesté aujourd’hui par le monde agricole.

La section départementale de LFI a pour sa part dénoncé un « climat délétère de défiance envers les élus », déplorant la « complaisance des autorités (…) face à ces agissements répétés ».

A Poitiers (Vienne), des agriculteurs de la FDSEA 86 et des Jeunes agriculteurs (JA) ont déversé du fumier et des pneus devant la permanence de la député Lisa Belluco (Verts-NFP) qui s’est ensuite entretenue avec eux, selon des images mises en ligne par France Bleu Poitou.

Dans les Deux-Sèvres, la permanence de la députée écologiste Delphine Batho a été murée dans la nuit. Contactée, elle n’a pas souhaité faire de commentaire.

En Charente vendredi, les agriculteurs ont visé à coup de peinture blanche ou de dépôt de fumier les permanences de René Pilato (NFP), de Caroline Colombier (RN) et de Sandra Marsaud (Renaissance), avant d’échanger, dans le calme, avec les élus présents.

Mercredi soir, Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, le syndicat majoritaire, avait demandé aux représentants de son syndicat d’aller à la rencontre de leurs députés « pour leur demander comment ils entendent faire sortir les textes dont nous avons besoin ».