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Négociations commerciales: le gouvernement met la pression sur les distributeurs


AFP le 27/02/2025 à 17:15

Le gouvernement français a regretté jeudi une « tension extrême » dans les négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels, mettant la pression sur les grandes enseignes à deux jours de la fin de ces discussions.

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a déclaré jeudi sur BFM TV/RMC observer « une tension extrême » dans ces négociations, avec « beaucoup de violence ». Elle a surtout pointé du doigt la grande distribution.

D’un côté, les distributeurs « signent des chartes et disent voilà, on aime bien le « produire en France » », et de l’autre côté, ils demandent à leurs fabricants agro-industriels de baisser leurs prix, a-t-elle fait remarquer, souhaitant des « sanctions quand la loi n’est pas appliquée ».

Une semaine plus tôt, le président Emmanuel Macron avait déclaré que les « prix agricoles » ne pouvaient pas être « la variable d’ajustement » dans ces négociations, toujours tendues.

Ces négociations annuelles déterminent les conditions auxquelles les supermarchés achètent à leurs fournisseurs pour le reste de l’année une large partie de ce qu’ils vendent dans leurs rayons. Leur fin est légalement fixée au 1er mars.

Injonctions contradictoires

Lors des précédentes années, les acteurs étaient pris dans des injonctions contradictoires, le gouvernement demandant à la fois de protéger la rémunération des producteurs agricoles, en partie concernée par ces négociations, et de limiter les hausses de prix dans les supermarchés dans un contexte de forte inflation.

Depuis plusieurs mois, la poussée inflationniste a fortement ralenti et la priorité affichée est de nouveau la protection des agriculteurs, voire de l’important secteur de la transformation alimentaire.

Il s’agit d’un important pourvoyeur d’emplois y compris en zone rurale, et les acteurs les moins solides financièrement peuvent être écartelés entre des coûts toujours élevés et des demandes de baisses de tarifs émanant des distributeurs.

Ces derniers déplorent de leur côté les demandes de hausses de tarif émanant des plus grands industriels notamment, les jugeant décorrélées des réalités économiques, et soulignent que les marges des industriels sont plus importantes que celles des distributeurs.

Dans ce contexte inflammable mais également très habituel en plein Salon de l’agriculture, les autorités affichent leur vigilance pour que soit respecté le volumineux arsenal législatif voté ces dernières années afin de tenter de protéger la rémunération agricole.

Industriels alarmistes

Le gouvernement tape du poing sur la table après de nombreux messages alarmistes des industriels. « On n’a que 10 % de signatures » d’accords car « ça se passe mal », a regretté jeudi Nicolas Facon, patron de l’Ilec, qui représente en France les très grandes marques comme Coca-Cola, Ferrero ou Mars et évoque des demandes de baisses de prix « complètement inconsidérées » de la part des distributeurs.

Ces derniers se sont indignés de ces chiffres, la fédération patronale du secteur (FCD) assurant qu« il y a une dizaine de jours », du côté des multinationales 40 % des accords étaient déjà conclus, et « 80 à 90 % » pour les PME, selon sa déléguée générale Layla Rahhou.

Difficile de savoir où se situe la vérité dans ce dossier marqué du sceau de l’opacité. Chaque enseigne peut signer plus de 2 000 contrats d’approvisionnement sur des produits chaque année, dont 300 avec les grosses multinationales.

Les négociations ne portent pas seulement sur le « simple » achat des denrées, mais aussi sur des services facturés par les supermarchés à leurs fournisseurs, comme une bonne place dans leurs rayons. Des services parfois vendus depuis l’étranger, où la distribution délocalise de plus en plus ses achats hors de France.

Cela n’empêche pas la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), service du ministère de l’Economie, de s’assurer du respect des lois. L’année passée, elle a mis à l’amende les centrales des deux plus importants distributeurs français, E.Leclerc (Eurelec) et Carrefour (Eureca), pour n’avoir pas respecté la date de fin des négociations.

L’enjeu pour les acteurs est aussi de peser en vue d’une nouvelle révision des lois visant à mieux protéger la rémunération des agriculteurs (lois Egalim), qui pourrait intervenir « avant l’été ou juste après l’été », selon le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola mercredi sur Public Sénat.