OFB : face aux attaques, les syndicats prônent la grève des contrôles
AFP le 17/01/2025 à 15:25
Crise à l'Office français de la biodiversité (OFB) : les syndicats de l'établissement public appellent pour la première fois les agents à cesser leurs contrôles, notamment auprès des agriculteurs, tandis que le gouvernement prône l'« apaisement » après des critiques du Premier ministre.
« L’intersyndicale appelle l’ensemble des personnels à rester au bureau », mot d’ordre « applicable jusqu’à ce que le Premier ministre fasse des excuses publiques », ont déclaré vendredi dans un communiqué les syndicats de l’OFB (Syndicat national de l’Environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).
Lors de sa déclaration de politique générale mardi, François Bayrou avait qualifié d’« humiliation » et de « faute » certaines inspections d’agents de l’OFB chez des agriculteurs, « une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise ».
L’intersyndicale demande aux agents de « ne plus réaliser aucune mission de police, que ce soit en police administrative ou en police judiciaire » et « ne plus effectuer aucune mission, quelle qu’elle soit, vers le monde agricole (formation, contrôles, constats prédateurs, arrêt du versement des subventions) ».
C’est un retrait « historique », observe-t-on en interne. Et il aura des conséquences très concrètes, signifiant par exemple l’arrêt des constats en cas d’attaque de loup contre les troupeaux, nécessaires pour obtenir un dédommagement.
Comme des « dealers »
L’OFB compte plus de 3 000 agents, dont 1 700 inspecteurs de l’environnement sur le terrain. Ils sont chargés de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d’espèces protégés.
Les relations se sont envenimées avec le monde agricole depuis la crise qui a secoué la profession l’an dernier, certains se plaignant de contrôles jugés intimidants.
Pendant des manifestations agricoles, des antennes de l’OFB ont été ciblées à coup de purin déversé ou de feux de pneus. Des agents ont été nommément menacés et le véhicule d’un fonctionnaire dans le Tarn-et-Garonne a été saboté. En 2023, des locaux de l’Office ont même brûlé à Brest, au lendemain d’une manifestation de pêcheurs.
Répondant aux demandes de syndicats agricoles, le gouvernement avait annoncé en décembre la mise en place d’un « port d’arme discret » des agents de l’OFB lors de leurs visites dans les fermes. Mais la polémique est repartie de plus belle après les propos du Premier ministre cette semaine.
Mercredi, une réaction sur France Inter d’un agent de l’OFB, membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, a encore jeté de l’huile sur le feu : « On a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités. » Une « ignominie », une « comparaison honteuse », a dénoncé Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs (JA). « L’OFB doit être purement et simplement supprimé », a appelé le patron des députés LR Laurent Wauquiez.
« En colère »
Les syndicats de l’OFB dénoncent pour leur part « des attaques répétées, orchestrées par une grande majorité de syndicats agricoles », ayant « reçu une écoute gouvernementale plus que bienveillante ».
« Lorsque le Premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a affirmé à l’AFP la présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, se disant « en colère ».
« Nous en avons assez de ce qui se passe depuis plus d’un an et demi à l’encontre de l’OFB et des agents », a-t-elle protesté, déplorant des « réactions timides [des] ministères » de tutelle, Agriculture et Environnement.
Côté gouvernement, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a dit vendredi « regretter » qu’« un certain nombre de responsables divers, politiques, syndicaux, mettent de l’huile sur le feu ». « Nous avons besoin d’apaisement », a-t-elle réagi.
« Les agents de l’OFB, ce sont les héritiers de nos gardes champêtres et de nos gardes-chasse. Ils font le travail que nous leur demandons, de protection et de police de la chasse et de l’environnement. Rien de plus (…) Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer », a-t-elle fait valoir.