Pour Bardella, le « pronostic vital » de l’agriculture française est « engagé »
AFP le 10/11/2024 à 17:35
Visite dans une ferme, avec petit tour dans un tracteur, appel au protectionnisme pour protéger les agriculteurs : Jordan Bardella a creusé son sillon dans le monde agricole dimanche dans le Lot-et-Garonne, à quelques jours de nouvelles mobilisations paysannes.
En janvier déjà, sentant monter un « mouvement de colère » du monde paysan, le président du Rassemblement national s’était rendu sur des terres viticoles dans le Médoc (Gironde) pour dénoncer « l’Europe de Macron qui veut la mort » de l’agriculture française.
« Nous tirons le signal d’alarme depuis plusieurs semaines, aucun des problèmes des agriculteurs n’a été traité depuis leurs précédentes mobilisations », a affirmé M. Bardella dans une exploitation céréalière à Virazeil.
Dans ce département, « verger de la France », les agriculteurs ont longtemps été hermétiques à l’extrême droite. Après avoir élu en 1920 le premier député communiste de France, le Lot-et-Garonne resta même, durablement, un bastion du vote paysan de gauche.
Avant que la profession ne penche à droite, voire plus. Aux dernières législatives, les trois candidats RN étaient arrivés en tête du premier tour mais le parti n’a finalement récolté qu’un siège, celui conservé par Hélène Laporte.
« Le pronostic vital de l’agriculture française est aujourd’hui engagé. Si nous ne prenons pas dès maintenant des mesures protectionnistes pour mettre notre agriculture à l’abri de la concurrence internationale déloyale, notre agriculture ne survivra pas », a insisté Jordan Bardella.
« Comme le messie »
Accompagné par plusieurs élus régionaux du RN, dont la députée girondine Edwige Diaz, il a ensuite fait un tour à bord d’un tracteur vert, sous l’oeil de nombreux journalistes.
« Tu es notre dernier espoir », lui a lancé le président de la Chambre d’agriculture et membre de la Coordination rurale, Serge Bousquet-Cassagne, qui avait affiché son vote RN en juin dernier.
« On les a tous essayés (…) On a cru en Sarkozy, on a été très déçus et depuis c’est le néant total (…) On ne t’attend pas comme le messie mais pas loin », lui a-t-il assuré.
Moins d’un an après la fronde des agriculteurs qui a tenu le pays en haleine pendant plusieurs semaines, les syndicats majoritaires ont appelé à une nouvelle mobilisation nationale à partir de mi-novembre, sur fond de négociations d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur sud-américain.
M. Bardella a appelé Emmanuel Macron à mettre « en échec » cet accord, affirmant que « la colère agricole n’est pas une fatalité », mais « la conséquence de choix politiques ».
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard avait déclaré fin octobre que la France ne « voulait pas » de cet accord avec le Mercosur.
« Bloquer tout »
Un peu plus tard, Jordan Bardella a tenu un meeting à Tonneins, devant plus de 2 500 personnes, dont de nombreux jeunes, réparties dans deux salles différentes, l’une équipée d’un écran géant.
Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté non loin de là contre sa venue, en brandissant une banderole « Tous unis contre la haine ».
Devant ses militants, M. Bardella a longuement dénoncé l’immigration qui « continue à déferler sans contrôle ».
« En refusant les propositions de bon sens du RN pour rétablir l’ordre, nos adversaires, le parti unique, tous, ont prouvé une seule chose: le vote RN est le seul et unique vote pour reprendre le contrôle de la politique d’immigration », a martelé M. Bardella, avant de reparler d’agriculture.
« Il a 1 000 % raison (de parler agriculture). Il faudrait que les agriculteurs montrent encore plus leur colère à ce gouvernement qui enterre ceux qui nous nourrissent. Il faut qu’ils bloquent tout, les supermarchés, les autoroutes », opine Sébastien Chaubert, 51 ans, employé dans une entreprise de fertilisants dans les Landes.
Pascal Beteille, un agriculteur de 59 ans, exprime aussi sa satisfaction : « Bardella a tout dit. Le RN est le parti le plus proche des agriculteurs. Depuis un an on n’a rien obtenu. On n’est pas entendus et ça va mal finir ».
En fin d’après-midi, le président du RN a dédicacé son livre « Ce que je cherche », publié samedi chez Fayard, qui s’adresse aussi bien « aux classes populaires » qu’à « une partie des élites, de la bourgeoisie », selon lui.