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Près de 57 000 € de revenu disponible par actif pour les fermes Civam


TNC le 28/11/2024 à 05:04
jersiaises

Avec moins de terres, d’animaux et d’investissement, les systèmes herbagers dégagent autant, si ce n’est plus de revenu que les exploitations laitières « conventionnelles ». (© TNC)

Le réseau Civam publie les résultats économiques de ses exploitations laitières du Grand Ouest. Des systèmes pâturants qui dégagent autant si ce n'est plus de revenu que les systèmes conventionnels.

Très exactement 56 895 €/actif : c’est le revenu moyen des 141 fermes laitières du Grand Ouest dites « en agriculture durable » (systèmes herbagers principalement) et suivies par le réseau Civam. Un revenu disponible supérieur à celui des fermes laitières Rica du secteur qui est lui de 54 032 €/actif. Un résultat basé sur l’exercice comptable 2022, année marquée par un contexte tendu (guerre en Ukraine, déficit de pluviométrie) et pour laquelle le Civam félicite ses élevages « robustes ».

Les chiffres de l’observatoire :

Exercice comptable 2022 Système conventionnel (Rica) Système autonome-économe (hors bio)
Production de lait 599 534 l 457 521 l
Coût alimentaire (/1000 l produit) 179 €/1000 l 98 €/1000 l
Surface en prairies 45 ares/UGB 65 ares/UGB
Coût de la mécanisation (€/ha) 891 €/ha 696 €/ha
Fioul 213 l/ha 156 l/ha
Revenu disponible par actif 54 032 € 56 895 €

Des charges qui pèsent lourd

Les fermes étudiés sont bien différentes : celles du Rica sont plus « grosses » (plus d’animaux, plus de surfaces), avec plus de produits.

La ferme AD non bio comporte moins de surface à gérer, moins d’équipements, et moins d’animaux à élever. (© Civam)

Et si le produit d’activité (PA) est plus important dans la ferme moyenne Rica, l’écart sur la valeur ajoutée (VA) est moins important, et il se réduit encore sur le résultat courant. « Les fermes AD [en agriculture durable, NDLR] produisent en consommant moins de biens et services, explique le Civam dans son étude. Rotations longues, maximisation du pâturage, réduction des surfaces en maïs, peu d’intrants… ce sont les clés de l’efficacité économique. »

120 000 € de charges en moins au bilan pour les fermes engagées en agriculture durable !

À titre d’exemple, le coût alimentaire troupeau moyen est de 179 €/1000 l dans les fermes du réseau Rica (contre 98 € pour les fermes AD non bio). Au final, l’ensemble des charges courantes sont supérieures de 120 000 € dans ces ferme et l’étude l’assure : « La réduction de charges en système AD n’est pas liée à la taille plus réduite des fermes ou encore au volume produit plus faible, mais bien à la conduite autonome et économe. En effet, les charges des fermes Rica rapportées à la SAU sont supérieures de 18 % (+ 450 €/ha) par rapport aux fermes de l’échantillon AD non bio et de 22 % (+ 100 €/1000 l) lorsqu’elles sont rapportées à la production de lait. »

Du lait en plus qui coûte cher

L’étude met en évidence deux stratégies économiques : la stratégie volume et la stratégie valeur ajoutée.

– La stratégie volume est celle en place dans la plupart des fermes laitières françaises à la recherche de productivité et de capital. Elle est d’autant plus suivie lorsque le prix du lait augmente. C’est une stratégie intéressante à condition que ces litres de lait ne coûtent pas trop cher à produire.

– La stratégie valeur ajoutée vise à dégager plus de richesse pour un même produit (réduction des charges au maximum). « La conduite repose ici sur la maximisation des ressources présentes sur la ferme plutôt que sur les cours des marchés. »

Dans l’étude, l’écart entre les systèmes est flagrand : « Le coût des concentrés achetés par les fermes du Rica est supérieur au coût alimentaire total des fermes AD non bio. » Autre observation : « Si les fermes Rica produisent 142 013 litres de lait supplémentaires, il leur faut vendre 96 315 litres (soit 68 %) rien que pour acheter le surplus d’aliments à l’extérieur de la ferme. »

Quid de la transmission ?

La « stratégie volume » a aussi une incidence sur la capitalisation : en 2022 avec l’augmentation du prix du lait conventionnel et de la viande, le capital des exploitations du réseau Rica a augmenté de près de 150 000 € (contre 80 000 pour les fermes AD non bio). Une partie du revenu a donc été capitalisé. Mais cela pose question sur la transmissibilité de ces fermes…

L’étude comporte également tout un volet sur les impacts environnementaux des systèmes, ou encore leur robustesse face aux incertitudes des marchés. Pour Mickaël Lepage, membre du réseau Civam, c’est une question de résilience : « La ferme laitière moyenne oublie sa capacité de robustesse devant les enjeux climatiques, de protection des ressources naturelles, de convivialité sociale ou encore de renouvellement des générations. »