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Prix garantis, FCO, foncier : les combats de la Conf’ avant les élections


TNC le 11/09/2024 à 17:30
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Véronique Marchesseau, Laurence Marandola et Thomas Gibert ont présenté les priorités de la Confédération paysanne (© TNC)

Après un été compliqué, la Confédération paysanne s’alarme du contexte actuel et rappelle sa vision pour maintenir et augmenter le nombre de fermes en France, alors que les réponses structurelles n’ont pas été apportées après les mobilisations de l’hiver.

Un « besoin absolu de répondre à la crise et d’accompagner cette situation agricole extrêmement difficile », c’est une urgence pour Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, qui est revenue le 11 septembre sur les dossiers prioritaires du syndicat.

Des prix garantis

La question du prix et du revenu reste centrale, face aux maigres engagements, non tenus, du gouvernement, rappelle la Conf’, qui continue à défendre l’idée de prix garantis. Car malgré les différentes lois supposées améliorer les relations commerciales, les prix payés aux producteurs stagnent. « En 20 ans, le prix du sucre n’a augmenté que de 2 % », explique Laurence Marandola. Qui ajoute que ce mécanisme existe par ailleurs dans d’autres productions, à l’image du tarif minimum de l’énergie.

Au-delà du prix, la révision du Plan stratégique national de la Pac est nécessaire pour soutenir le revenu de tous les agriculteurs, estime le syndicat, qui constate que « l’on a toujours les mêmes oubliés de la Pac : les petites surfaces, les fermes diversifiées, les fruits et légumes… »

Des agriculteurs « démunis face aux aléas climatiques »

La Conf’ déplore également le peu d’accompagnement de l’État après « une année climatique extrêmement dure ». Il faut « repenser le modèle agricole pour plus de diversité, plus de résilience », notamment revoir à la baisse, si nécessaire, les objectifs de rendement, tout en développant des modèles de fermes qui puissent vivre de leur travail. Car la solution ne passera pas par l’assurance : « aujourd’hui, c’est un échec total », assène Laurence Marandola. Le système exclut un certain nombre de productions (productions diversifiées, maraîchage…) sans pour autant satisfaire les grandes cultures, mises en difficulté par le calcul de la moyenne olympique, et il s’avère totalement inefficace pour les prairies, explique la porte-parole du syndicat qui prône un fonds mutuel et solidaire pour tous, et plus de transparence sur les aides de crise de l’Union européenne.

« Pour des campagnes vivantes, soyons fermes »

Ces sujets, tout comme la question de foncier et de l’accaparement des terres, sur laquelle le syndicat est très mobilisé, seront au cœur des ambitions portées par la Confédération paysanne pour les prochaines élections professionnelles, en janvier.

Le slogan « pour des campagnes vivantes, soyons fermes » entend rappeler « la nécessité absolue d’enrayer la disparition de notre métier », explique Thomas Gibert, secrétaire national et maraîcher en Haute-Vienne. Car « moins de paysans, c’est moins de services publics dans les campagnes, des écoles qui ferment, on est moins nombreux pour défendre nos intérêts, il y a moins de lien social », détaille-t-il.

« On y va avec beaucoup d’envie, c’est un moment dur syndicalement, mais précieux car il permet de se parler entre agriculteurs, d’avoir des débats, et de parler aussi de propositions très concrètes », explique Laurence Marandola. Le syndicat met en avant son expérience sur l’installation, avec le Fadear qui accompagne un tiers des porteurs de projet et la majorité des personnes qui ne sont pas issues du monde agricole, et défend un savoir-faire sur les outils collectifs.

La Conf’ espère ainsi, avec une liste dans chaque département, « progresser partout, gagner des chambres, et devenir un syndicat incontournable dans l’orientation des politiques agricoles », explique Thomas Gibert.

Trois grandes orientations seront au cœur des propositions : le revenu, le foncier, mais aussi l’élevage. D’autant plus que le secteur subit, avec la FCO, « une crise sanitaire d’une ampleur jamais vue », dénonce Laurence Marandola, qui parle de « mensonge d’État ». « On a eu aucun signal d’anticipation, aucune information sur la reprise du virus, quand on aurait dû vacciner, les vaccins n’étaient pas là… », déplore-t-elle. Un véritable « mépris », au regard de « la détresse absolue et de l’impuissance des éleveurs », confrontés à de la mortalité tous les jours, avec un équarrissage qui ne fonctionnait pas. La Confédération paysanne demande donc une prise en charge indispensable des pertes directes et indirectes pour les éleveurs, en lien aussi avec l’activation des cas de forces majeurs de la Pac. « Tous les moyens doivent être déployés sur les indemnisations : FMSE, réserve de crise européenne… Il ne faut pas oublier que l’an dernier, le début de la mobilisation, c’était la MHE », rappelle Laurence Marandola.

La Confédération paysanne sera mobilisée tout au long des prochaines semaines pour, entre autres, défendre l’élevage sur le terrain, rappelle ainsi Véronique Marchesseau, secrétaire générale du syndicat