Prix planchers, plan d’urgence trésorerie, les annonces d’E. Macron
TNC le 24/02/2024 à 12:52
Dans un hall fermé au public, le président de la République a finalement débattu avec des représentants d’agriculteurs ce premier jour d’ouverture du Salon de l’agriculture. Après des échanges parfois vifs, le chef de l’Etat a répondu aux doléances et aux reproches, défendant le travail en cours et annonçant de nouvelles mesures comme la mise en place prochaine de prix planchers ou d’un plan d’urgence pour la trésorerie des agriculteurs. (Article mis à jour à 13h58)
Si des groupes d’agriculteurs très remontés ont empêché le bon déroulé de la traditionnelle déambulation présidentielle à l’inauguration du salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a tout de même échangé avec les syndicats, puis accepté un débat au pied levé avec des exploitants agricoles, dans un hall rendu temporairement inaccessible aux visiteurs.
Tout en défendant le travail accompli depuis le début de la crise agricole, le chef de l’Etat s’est engagé « à aller au-delà », rappelant sa vision d’une agriculture productive, dont « l’intérêt supérieur pour la Nation » sera inscrit dans la loi.
Revenus : un prix plancher
Si les lois Egalim ont en partie porté leurs fruits, le président convient de la nécessité d’aller plus loin, notamment sur la restauration collective, en accentuant la transparence. « Il y a deux choses qui ne vont pas dans Egalim, des filières qui n’ont pas d’indicateurs, et un rapport de force qui n’est pas le bon », a-t-il ajouté. Pour y remédier, Emmanuel Macron promet ainsi la mise en place d’un prix miniumm, un prix plancher, avec une réunion « d’ici à trois semaines ».
Ces « prix planchers » seront fondés sur les indicateurs de coût de production sur lequel chaque filière (volailles, lait, viande bovine…) a dû se mettre d’accord pour objectiver les coûts de production des agriculteurs. Ces indicateurs existent déjà, mais ne sont pas suffisamment pris en compte pour la viande de boeuf et le lait, reprochent les éleveurs ; en revanche, la prise en compte de cet indicateur est quasi automatique dans la production de volailles. « C’est la chose la plus engageante qu’on ait jamais faite, ce qu’on est en train de se dire », a avancé Emmanuel Macron.
Lancement d’un plan d’urgence trésorerie
Le chef de l’Etat s’engage également à agir à très court terme, en lançant « un plan d’urgence trésorerie », qui ne sera pas forcément limité à l’agriculture puisque d’autres secteurs, comme dans l’artisanat sont également confrontés à des baisses de prix dans un contexte de charges qui restent élevées. Les différents acteurs concernés (MSA, banques…) seront réunis lundi sur le sujet. Dans ce cadre, « on va rouvrir les dispositifs d’accompagnement pour l’énergie », explique-t-il.
« Produits phytosanitaires »
Le président a répété vouloir « éviter qu’un produit phytosanitaire soit interdit en France avant le reste de l’Union européenne, pour éviter les distorsions de concurrence ». Pour cela, il veut que l’agence française sanitaire Anses, qui est indépendante, reste calée sur le calendrier européen et donc ne décrète pas d’interdiction en France avant les voisins. Les interdictions sont généralement motivées par des impératifs de protection de la santé humaine et de l’environnement.
En 2014, a souligné Emmanuel Macron, « je n’étais pas là, mais il y a eu une loi qui a confié des pouvoirs qui étaient au ministère de l’Agriculture à l’Anses ». « L’Anses, elle travaille sur une base scientifique (…) et donc elle prend des décisions qui ensuite s’imposent à l’administration. (…) moi je n’y peux rien (…) et donc on reprend le pouvoir en disant « On le fait au niveau européen » », a-t-il lancé.
Il a aussi dit vouloir regarder la possibilité de « rouvrir au niveau européen » des molécules interdites, sans expliciter ce qu’il voulait dire.
Simplification et droit à l’erreur
Autre sujet de fortes crispations, la simplification, sur laquelle le président « prend l’engagement de continuer à fond la caisse ». Il promet ainsi d’unifier les contrôles pour réduire leur nombre, alors que ces derniers sont aujourd’hui trop nombreux car relevant de différentes administrations. Il souhaite également réellement mettre en place un droit à l’erreur pour les agriculteurs.
Enfin, plusieurs mesures doivent également être prises au niveau européen : contrôle des centrales d’achat européennes, « rouvrir les critères de la Pac pour produire plus », renégocier l’enveloppe de l’écorégime, cite Emmanuel Macron, qui défend également des avancées, comme la fin du 4 % sur les jachères, ou des incohérences sur les prairies.
« Intérêt général majeur »
Emmanuel Macron s’est également engagé à « reconnaître notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française. Ce sera inscrit dans la loi, ce qui permettra de protéger notre agriculture de manière ferme et solide ».
Damien Greffin, un des vice-présidents du syndicat majoritaire FNSEA et céréalier dans l’Essonne, avait dit vendredi à l’AFP vouloir « entendre le président dire que l’agriculture était d’intérêt général majeur, ce qui la plaçait au-dessus des autres intérêts ». Une source au sein de l’exécutif a ensuite simplement indiqué qu’une telle mention impliquait « des conséquences juridiques ».
Dans ses efforts pour calmer la colère des agriculteurs, le gouvernement avait indiqué avoir par exemple puisé dans la proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, qui prévoit de déclarer « d’intérêt général majeur » les réserves d’eau pour l’irrigation. Gabriel Attal avait aussi dit que la prochaine loi agricole consacrerait l’agriculture « au rang des intérêts fondamentaux de la nation » .
L’annonce a fait réagir positivement des adhérents de la FNSEA, comme Yohann Guedon, 48 ans, éleveur de porcs en Charentes : « C’est une réelle avancée. Cette reconnaissance, c’est celle de la légitimité de notre activité, d’intérêt général, qui nous protège contre des groupuscules. Un projet de retenues d’eau sera prioritaire, c’est hyper important, parce que chez nous, sans eau, on ne produit pas ».