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Réglementation sur les phytosanitaires

Réduction des phytos : 2024, année du changement de méthode, estime Phyteis


TNC le 08/02/2024 à 15:33
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Pour Phyteis, il est nécessaire de passer à un indicateur basé sur la dangerosité et non sur les volumes de phytosanitaires. (© TNC)

Annoncée par le gouvernement dans le cadre de la crise agricole, la pause sur Ecophyto est souvent interprétée comme un recul sur la protection de l’environnement. L’organisation qui fédère les industries phytopharmaceutiques tient à souligner la diminution réelle des ventes de substances actives depuis 2008, et soutient les démarches de réduction de l’impact des produits phytosanitaires sur l’environnement. Elle milite en revanche pour un changement de méthode, prenant en compte les efforts de réduction des substances les plus toxiques.

« 2024 doit être une année décisive dans une logique de nouvelle méthode », a expliqué Yves Picquet, président de Phyteis, le 8 février. Le point presse des industriels des produits phytopharmaceutiques s’est en effet tenu dans un contexte dominé par la crise agricole et les annonces du gouvernement qui a promis, entre autres, de revoir les indicateurs utilisés dans la stratégie Ecophyto.

Aujourd’hui, le Nodu, utilisé en France dans le cadre du plan Ecophyto, est basé sur les volumes utilisés. « Il faudrait un indice qui prenne en compte la dangerosité », estime le président de Phyteis qui souhaiterait, comme une grande partie de la profession agricole, lui substituer l’indicateur européen HRI1, qui pondère les volumes de substances vendues en fonction d’un coefficient de dangerosité.

« On appuie à 200 % toute initiative qui vise à réduire l’impact des produits phytos sur l’environnement », insiste Yves Picquet, listant néanmoins quatre facteurs de succès pour y parvenir : pas d’interdiction sans solution alternative, intégrer le pas de temps incompressible de la R&D dans les plans de transitions, puisque 10 à 12 ans sont nécessaires pour mettre un produit sur le marché, favoriser l’émergence de l’innovation et accompagner le développement des alternatives innovantes, inclure l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur agricole aux discussions. Tout n’est pas non plus à jeter dans Ecophyto, ajoute-t-il, rappelant les points positifs listés dans le rapport d’enquête parlementaire sur les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans Ecophyto : le retrait des substances CMR1, le déploiement du biocontrôle, la réussite des fermes Dephy, la généralisation du Certiphyto…

Des quantités de matières actives en diminution

Sans compter que, souligne Phyteis, avec 65 000 tonnes en 2022, les quantités de matières actives vendues sont en diminution de – 17,4 % depuis 2008, et de – 46 % depuis 1999. 37 % de ces matières actives sont utilisables en agriculture biologique, contre 21 % en 2010. Par ailleurs, les ventes de solutions de biocontrôles ont atteint, en 2023, 82 M€. Le chiffre d’affaires total des adhérents de Phyteis s’élève quant à lui 2,4 milliards d’euros l’année dernière.

La phytopharmacie « restera toujours une part de l’approche combinatoire »

Si le biocontrôle se développe, la réponse aux enjeux de protection des cultures, de la santé et de l’environnement passera par l’approche combinatoire, développe Yves Picquet. Elle doit reposer sur plusieurs piliers : les biotechnologies, le digital, la bioprotection, mais aussi la phytopharmacie. « Nous sommes convaincus que l’approche combinatoire est la solution pour diminuer l’impact de notre agriculture sur l’environnement », affirme le président de Phyteis. « Mais à l’heure actuelle, la phytopharmacie est et restera toujours une partie de ce combinatoire », ajoute-t-il, rappelant que les différents membres de Phyteis continuent à investir dans les recherches de produits phytosanitaires.

Aujourd’hui, 38 % des usages ne sont pas pourvus en solutions de protection et 25 % ne disposent que d’une seule solution, indique Phyteis, qui appelle à ne pas laisser les agriculteurs dans des impasses techniques. « Nous sommes convaincus qu’une alternative existe pour faire progresser notre agriculture sans la condamner à la décroissance », insiste Yves Picquet.