Relèvement du seuil de revente à perte, mesure inefficace pour l’UFC Que Choisir
AFP le 04/02/2025 à 11:15
Une disposition obligeant les supermarchés à garder une marge de 10 % sur les produits alimentaires, dans le cadre de lois visant à améliorer la rémunération des agriculteurs, a coûté « plusieurs milliards d'euros » aux consommateurs, « sans impact sur le revenu agricole », estime mardi l'association UFC-Que Choisir.
Cette mesure a été adoptée fin 2018 dans le cadre de la loi Egalim 1 – les lois Egalim ont pour but de protéger le revenu des agriculteurs.
La mesure encadre le « seuil de revente à perte » (dit SRP+10) : les supermarchés doivent vendre les produits alimentaires au moins 10 % plus cher que le prix auquel ils les ont achetés, la marge minimale de 10 % est censée « ruisseler » jusqu’au producteur.
Simple expérimentation à l’origine, le dispositif a été prolongé jusqu’au 15 avril, malgré plusieurs études d’impact critiques émanant notamment du Parlement. Une nouvelle loi va être étudiée « afin d’éviter que tout le dispositif ne s’effondre », avait indiqué fin janvier la ministre de l’agriculture Annie Genevard dans Les Echos.
« L’étude réalisée par l’UFC-Que Choisir montre qu’en réalité le revenu agricole a baissé en 2019, année de la mise en oeuvre du SRP+10, pour trois filières étudiées (céréales, viande de porc et de boeuf), et stagné pour la filière laitière », indique l’association de défense des consommateurs dans un communiqué.
Ce n’est donc « pas au bénéfice de nos agriculteurs que les consommateurs ont subi une inflation supplémentaire », poursuit l’association, qui l’estime « entre 470 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an », soit a minima « plusieurs milliards d’euros depuis son entrée en vigueur il y a près de 6 ans ».
UFC-Que Choisir appelle en conséquence à l’« abandon immédiat du relèvement du seuil de revente à perte ».
Elle regrette par ailleurs que « six ans après la première loi Egalim et malgré deux lois supplémentaires, les pouvoirs publics n’ont toujours pas publié de données précises, filière par filière, sur la mise en oeuvre de leurs dispositions (contractualisation, prix rémunérateur, prise en compte automatique de l’évolution des coûts de production…), ni sur leur efficacité à défendre le revenu agricole ».
« A l’origine de ces criants échecs, on trouve le rapport de force toujours déséquilibré » entre les producteurs agricoles d’une part, et l’industrie agroalimentaire et la grande distribution d’autre part, dit l’UFC-Que Choisir.