Retenue de Caussade : L’État met en demeure la chambre d’agriculture
AFP le 21/12/2024 à 14:00
La préfecture du Lot-et-Garonne a mis en demeure vendredi la chambre d'agriculture du département, que préside la Coordination rurale (CR47), de mettre en conformité une retenue d'irrigation, construite il y a cinq ans sans autorisation, avec le code de l'environnement.
Située au nord de Villeneuve-sur-Lot, cette réserve utilisée par une quarantaine d’agriculteurs s’étend sur 20 hectares de terrains dont la chambre d’agriculture est propriétaire.
En janvier 2022, deux membres de la CR47, Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre, et Patrick Franken, président de l’association syndicale autorisée (ASA) de Caussade qui exploite l’ouvrage, avaient été condamnés en appel à 10 mois de prison avec sursis pour cette construction illégale.
« Ce lac n’a aucune existence légale », a rappelé le préfet Daniel Barnier après une réunion vendredi. « L’objectif est de sortir par le haut, et si possible de manière concertée, de cette situation », a-t-il ajouté, évoquant une « mise en demeure » adressée aux deux responsables en vue d’une mise en conformité « par étapes et sous conditions ».
« Une provocation »
Un arrêté préfectoral a été pris à cette fin. L’objectif affiché est d’assurer la sécurité du site et de respecter le code de l’environnement en matière d’entretien des ouvrages hydrauliques, de partage de la ressource en eau et de préservation des milieux aquatiques.
Concrètement, la chambre d’agriculture et l’ASA ont trois mois pour désigner « un expert hydrologue agréé » qui aura, lui, neuf mois pour se prononcer sur l’état de la digue et proposer d’éventuels travaux si nécessaire. Le tout à leurs frais, sous peine d’astreintes financières et de poursuites pénales.
Les intéressés dénoncent une « provocation » destinée à les « mettre à genoux ».
Une exploitation sans autorisation
« Nous avons déjà fait intervenir un bureau d’études pour vérifier l’ouvrage, qui a conclu qu’il était largement dans les normes. De plus, il est sous surveillance bimensuelle de la direction départementale des territoires », a déclaré M. Franken à un correspondant de l’AFP.
« Ni la chambre, ni l’ASA n’ont l’intention et les moyens de mettre des centaines de milliers d’euros supplémentaires dans ce lac qui fait l’unanimité chez les agriculteurs et a le soutien de la majorité des maires du département », a-t-il ajouté.
Dans un rapport très critique sur la gestion de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, la Cour des comptes avait déploré en janvier que la retenue de Caussade soit exploitée sans autorisation. La CR47 a depuis été particulièrement active dans les mobilisations agricoles et très critique envers le gouvernement.