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Étude MSA

Seule une agricultrice sur deux encouragerait ses enfants à s’installer


TNC le 08/03/2024 à 07:57
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Deux tiers des agricultrices et salariées jugent qu'il est plus difficile d'être une femme dans le secteur agricole. (© Geber86, Adobe Stock)

Pour le Salon de l’agriculture, la Mutualité sociale agricole a dévoilé l’étude « Les femmes du monde agricole », menée avec le groupe d’études et de conseil Verian (ex Kantar Public). Au-delà des chiffres, elle vise à mieux appréhender qui elles sont, leurs attentes, leurs ressentis, leur vision du métier…

Puisqu’accompagner au mieux les femmes du monde agricole fait partie de ses axes de travail prioritaires actuels, la Mutualité sociale agricolea voulu aller plus loin que les chiffres qu’elle livre chaque année. Objectif : mieux les connaître, à travers leurs profils, leurs parcours, leur perception du métier d’agricultrice et de son avenir, leurs motivations pour l’exercer, les difficultés rencontrées, au niveau notamment de leurs conditions de travail et des inégalités hommes/femmes auxquelles elles sont confrontées.

Rapide portrait-robot chiffré

  • Âge :46 % ont plus de 50 ans.

(40 % pour les cheffes d’exploitation et salariées, 54 % pour les employeuses de main-d’œuvre).

  • Expérience métier : 6 sur 10 travaillent dans le secteur depuis au moins 10 ans.

(53 % pour les salariées, 74 % pour les employeuses de main-d’œuvre).

Un tiers (37 %) suite à une reconversion professionnelle (31 % des salariées, 39 % des employeuses de main-d’œuvre, jusqu’à 44 % des cheffes d’exploitation).

  • Productions : 41 % sont en productions végétales, 37 % en animales.

Davantage de cheffes d’exploitation sont en élevage (57 %), contre 42 % en cultures. Pour les salariées, c’est l’inverse : 18 et 38 % respectivement. Pour les employeuses de main-d’œuvre, il y a parité.

  • Système :60 % sont en conventionnel, 23 % en bio (déjà converties ou en conversion).
  • Situation familiale :

– 52 % ont un conjoint dans le milieu agricole, 30 % dans un autre secteur et 18 % sont célibataires.

55 % des cheffes d’exploitations sont en couple avec quelqu’un du monde agricole, soit un peu plus de 1 sur 2 (71 % des employeuses de main-d’œuvre), versus 32 % des salariées (1 sur 3). Lesquelles sont plus souvent seules (26 %) que les cheffes d’exploitation (15 %).

– 46 % ont leur père ou leur mère dans l’agriculture, 30 % ont grandi à la campagne sans parents agriculteurs, 24 % en zone urbaine.

Pour les cheffes d’exploitation et les employeuses de main-d’œuvre, le pourcentage passe, dans l’ordre, de 55 à 25 et 20 %. Pour les salariées, de 34 à 37 et 29 %.

« Un métier passion, dur par nature »

93 % ont choisi le métier par « passion ». Pour 96 %, il est « essentiel », 84 % « épanouissant », soit 10 points en dessous, un peu moins « d’avenir » (64 %). Mais seules 39 % estiment qu’il est « attractif » et 95 % le trouvent « difficile », 86 % « insuffisamment reconnu et valorisé » et 82 % « pas assez rémunérateur ». Les jeunes se montrent plus optimistes : 92 % le jugent « épanouissant » (+ 8 pts), 88 % « d’avenir » (+ 22 %) (mais seulement 58 % en productions animales), 50 % « attractif » (+ 11 pts) et 74 % « peu rémunérateur » (- 8 pts).

51 % veulent un travail « au contact de la nature, des animaux » (68 % en élevage). 47 % « aiment profondément leur métier » et 28 % pensent qu’il est « utile à la société ». 26 % souhaitent « aider leur conjoint qui travaille dans ce domaine » (37 % en productions animales) et 23 % « faire perdurer un héritage » (40 % chez les filles d’agriculteur). 18 % entendent « contribuer à une meilleure alimentation », 9 % à « la souveraineté alimentaire du pays ».

« Inégalités hommes/femmes restent prégnantes »

Même si 77 % assurent « entretenir de bonnes relations avec les hommes du milieu agricole » et 85 % avec les femmes (91 % des 18-34 ans), 83 % déplorent être victimes « d’inégalités », un constat identique qu’elles soient cheffes d’exploitation, employeuses de main-d’œuvre ou salariées. Un tiers les voient plus fortes que dans d’autres secteurs d’activité, 60 % identiques et 5 % moins importantes, sans différence entre les statuts.

61 % « se sentent légitimes » (42 % en élevage), 55 % »soutenues et accompagnées » (34 % des 18-34 ans), 54 % « reconnues pour la qualité de leur travail », 51 % « acceptées » et 49 % « respectées », sans écart de perception selon les situations. « Dans ces conditions, deux tiers des salariées et non-salariées agricoles considèrent « qu’il est encore plus difficile pour une femme qu’un homme de travailler dans le monde agricole ». Là encore le statut n’impacte pas.

« Conditions de travail éprouvantes »

66 % évoquent le manque de revenu (supérieur chez les 18-24 ans) et 41 % l’équilibre difficile entre sphère pro et perso. Des problématiques encore plus présentes pour les cheffes d’exploitation (73 et 52 %, 60 et 32 % pour les salariées).

« Améliorer leur rémunération » est donc leur priorité (39 %), devant la « conciliation entre vie professionnelle et privée » (24 %), la « reconnaissance par la profession » (22 %) et les « outils de travail » (15 %). Rémunération et reconnaissance étant prépondérante chez les salariées, les autres items chez les cheffes d’exploitation.

« Perspectives d’avenir moroses »

9 agricultrices sur 10 se déclarent « insatisfaites par la politique agricole menée en France ».

« Volonté de transmission émoussée »

81 % des femmes ont « l’intention de rester dans le secteur jusqu’à leur retraite » : 86 % des cheffes d’exploitation, comparé à 76 % des salariées. Seule une agricultrice sur deux « encouragerait ses enfants à s’installer » : 51 % « si c’est un garçon » et 45 % « si c’est une fille ».

Une proportion qui s’avère plus élevée chez les jeunes : 64 et 59 % (60 et 53 % en cas de reconversion professionnelle). Les cheffes d’exploitations les inciteraient davantage à embrasser la même voie qu’elles et les salariées un peu moins.