Suivez l’inauguration et le premier jour du Sia 2025
AFP le 22/02/2025 à 09:30
Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées ? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.
Pas d’incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui sont reçus l’un après l’autre depuis 08h par le président de la République.
Emmanuel Macron ira ensuite inaugurer le Salon, avec la traditionnelle coupe de ruban, auprès d’Oupette, vache limousine égérie de l’édition 2025 qui met aussi un pays étranger à l’honneur, le Maroc, une première dans l’histoire de ce rassemblement.
Plus de 600 000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui a ouvert. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l’extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d’Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.
Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques… Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l’an dernier.
« Le président doit rassurer les agriculteurs », a déclaré samedi sur RMC Jérôme Despey, patron du Salon mais aussi vice-président de la FNSEA et viticulteur.
L’entourage d’Emmanuel Macron lui a conseillé d’éviter une visite marathon, à l’image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1 400 exposants et 4 000 animaux accueillis chaque année.
Cet automne, c’est l’opposition à l’accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d’agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.
« Je souhaite qu’il en parle à Donald Trump (…) : arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d’être compétitifs », renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.
« Tendu »
Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, « ça va être tendu ». Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à « expliquer qu’on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d’Ukraine » – l’accord d’association UE-Ukraine, en cours de révision – évoquant des produits érigés en symboles d’une « concurrence déloyale ».
Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d’apaisement, dans l’espoir qu’Emmanuel Macron « aura vraiment quelque chose » à leur dire, selon sa présidente Véronique Le Floc’h.
Plus d’un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l’heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu « décent », plus de considération et moins d’injonctions.
Pour le gouvernement, ses engagements ont été « honorés » : « 500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales prévus dans le budget », « soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté », « indemnisations à hauteur de 75 millions d’euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties » ou encore « la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier ».
Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l’agriculture au rang « d’intérêt général majeur », facilite les installations, la construction de bâtiments d’élevage et le stockage de l’eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.
« Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses ? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs : non seulement on n’a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd’hui », s’indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.
Elle estime que les demandes de l’alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d’une « réelle transition agroécologique ».