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Sur le port de Bordeaux bloqué, les agriculteurs entre ténacité et résignation


AFP le 21/11/2024 à 15:20

Les agriculteurs du Lot-et-Garonne qui ont investi mercredi soir le port de commerce de Bordeaux à l'appel de la Coordination rurale maintenaient jeudi leur blocage avec « ce qu'il faut pour tenir », même si certains évoquent leur résignation.

Selon le syndicat, 150 à 200 manifestants ont barré l’entrée des dépôts pétroliers DPA (Docks des pétroles d’Ambès) avec pneus et déchets, occupant aussi les ronds-points d’accès au port sous une pluie battante.

« On est organisé, on a ce qu’il faut pour tenir et on va rester en espérant avoir le plus rapidement une réponse des ministères », affirme Jean-Baptiste Chemin, agriculteur dans le nord du Lot-et-Garonne.

Sous couvert d’anonymat, un autre déplore une mobilisation « en ordre dispersé ». « Les collègues sont résignés », estime-t-il. « On devrait tous faire cause commune (entre syndicats, NDLR), c’est dommage. On est obligé de faire brûler des pneus pour qu’on s’intéresse à nous. » Pour Guillaume, producteur de céréales, noisettes et semences à Monflanquin, « la nuit a été difficile » sur le port, où il a dormi dans un duvet sous sa remorque pour se protéger du froid.

Le port de Bordeaux, 7e port de commerce de France, est « important en termes de transport de céréales pour le Sud-Ouest », affirme Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne. « On est là pour dénoncer la concurrence déloyale. » Une porte-parole du port a souligné cependant qu’il ne s’agissait pas d’un « port d’importation » mais d’export de céréales, avec 248 000 tonnes issues du Sud-Ouest exportées entre janvier et octobre.

Ailleurs en Gironde, les gendarmes sont intervenus jeudi matin pour lever le blocage de deux plateformes logistiques de la grande distribution à Beychac-et-Cailleau, « sans usage de la force », selon la préfecture. « On vient d’être délogés comme des malpropres », a dénoncé Daniel Bruneau, viticulteur et éleveur près de Libourne, qui espère pouvoir rejoindre les manifestants sur le port de Bordeaux.

À Mont-de-Marsan (Landes), le blocage d’une centrale d’achats de l’enseigne Leclerc se poursuivait jeudi. « La Préfète parle de nous déloger d’ici demain (vendredi) mais ça ne va pas nous arrêter, on a des kilos de déchets, on peut aussi entrer dans la préfecture », a lancé Vincent Coco, président de la CR40.