Un numéro d’urgence contre le pillage des forêts privées en France
AFP le 08/04/2025 à 13:30
Coupes illégales, escroqueries : Fransylva, la fédération des forestiers privés de France, a lancé mardi une « ligne d'urgence » pour mieux lutter contre les vols de bois en forêt et documenter l'ampleur du phénomène.
Ces vols de bois sur pied sont une « menace sérieuse » pour le renouvellement forestier, pour la biodiversité, pour la capacité de la forêt à stocker du carbone, affirme Antoine d’Amécourt, président de Fransylva, qui fédère quelque 70 syndicats départementaux et lui-même forestier dans la Sarthe.
Et c’est « un traumatisme pour les propriétaires », qui se sont vu confier une parcelle depuis des générations, ont souvent « honte de s’être fait avoir » et « n’osent pas porter plainte », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à Paris. Ils sont aussi « découragés par l’absence de réponse pénale adaptée », les plaintes donnant très rarement lieu à une réparation pour les propriétaires floués, a-t-il ajouté.
Les vols sont « le plus souvent le fait de réseaux criminels très organisés qui pillent les forêts et alimentent un trafic international », notamment pour l’exportation de chêne vers la Chine, selon la fédération.
Pour aider les propriétaires à signaler les vols et escroqueries, Fransylva lance une « ligne d’urgence », avec un numéro (le 01.47.20.90.58) et un courriel de signalement à remplir sur le site de la fédération.
Cela permettra aussi d’évaluer l’ampleur des préjudices et de voir si les vols sont en hausse ou pas, alors que le prix du chêne, principal arbre pillé, a beaucoup augmenté ces dernières années, passant en moyenne de 64 euros le m3 en 2020 à 94 euros en 2022, avant de redescendre autour de 84 euros en 2023.
En France, 75 % des 17 millions d’hectares de la forêt française métropolitaine sont détenus par quelque 3,5 millions de propriétaires privés.
Plus de deux millions de propriétaires possèdent moins d’un hectare : cette dispersion « est une des vulnérabilités de la forêt », explique Anne Dunoyer, vice-présidente de Fransylva, qui plaide pour un « regroupement » des petites propriétaires pour adopter sur des parcelles regroupées un plan de gestion simple, permettant de mieux valoriser et surveiller les bois.
Au gouvernement, Fransylva demande de créer « une cellule dédiée sur tout le territoire mobilisant le renseignement, les forces de l’ordre et les douanes » pour mieux lutter contre ces pillages, et plaide pour un « alourdissement des sanctions pénales, notamment des amendes ».