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Mobilisation des agriculteurs

Un salon de l’agriculture attendu de pied ferme


AFP le 19/02/2024 à 12:20

Les organisateurs du Salon de l'agriculture, qui s'ouvre samedi à Paris, espèrent que cette 60e édition sera une « belle fête », épargnée par les manifestations. Mais le monde agricole bouillonne toujours de revendications et de colère.

Le rendez-vous annuel attend autour de 600 000 visiteurs en neuf jours, au parc des expositions de la Porte de Versailles, dans un climat électrique.

La France vient de connaître dix jours de crise agricole marquée par des blocages d’autoroutes, des déversements de fumier et même l’incendie d’un bâtiment de la Mutualité sociale agricole (MSA) à Narbonne, l’organisme qui collecte les charges sociales des agriculteurs et reverse des prestations.

L’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) n’a pas relâché la pression sur l’exécutif depuis qu’elle a appelé le 1er février à lever les blocages, à la suite d’annonces gouvernementales allant du versement d’aides d’urgence à des décrets de simplification en passant par une « pause » sur le plan de réduction des pesticides Ecophyto.

« Que personne ne pense que, parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées », a mis en garde la semaine dernière le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.

La « qualité » de la visite d’Emmanuel Macron au salon, qui a lieu traditionnellement le premier samedi, « en dépendra », a ajouté le dirigeant syndical qui doit s’entretenir avec le chef de l’État mardi après-midi.

La FNSEA veut constater les premiers résultats des mesures annoncées et attend la levée de ce qu’elle considère comme des freins à la production (interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie…) La colère du monde agricole s’exprime plus largement en Europe, avec des manifestations en Grèce, Italie, Espagne, Pologne…

« Aussi le salon des grands-mères »

Dans ce contexte, les organisateurs du salon redoutent l’irruption de manifestants. La sécurité sera portée « au maximum », a indiqué Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l’organisation propriétaire de l’événement, jeudi sur BFMTV.

« Évidemment, c’est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications (…) et les manifestations. Mais les manifestations, [c’est] pas au salon », a-t-il plaidé. « Le salon doit rester malgré tout une belle fête », a-t-il insisté, soulignant que « c’est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles. Et donc on se doit de les accueillir convenablement, normalement ».

L’ancien directeur de la communication de la FNSEA formule l’espoir « que le gouvernement répondra aux attentes des agriculteurs afin qu’on ait le meilleur salon possible ». En attendant, le gouvernement multiplie les marques d’attention.

Le président Macron a reçu trois syndicats agricoles la semaine dernière (Confédération paysanne, Coordination rurale et Modef). Quant au Premier ministre Gabriel Attal, il a reçu une nouvelle fois les présidents de la FNSEA et des JA, avant de se rendre jeudi auprès d’éleveurs de la Marne.

« Reconnaissons aussi qu’il y a des sujets qui sont du temps long », a déclaré dimanche le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, venu sur France Inter défendre la réponse de l’exécutif tout en admettant que la « sérénité » ne serait « pas forcément » au rendez-vous du salon.

Avant les élections européennes en juin, les responsables politiques devraient défiler devant Oreillette, la vache égérie du salon, une Normande de cinq ans, élevée dans l’Orne par François Foucault et sa fille Lucie. Son lait, précisent les organisateurs, permet de produire en moyenne 10,5 camemberts par jour.

L’événement reste un haut lieu de la célébration du terroir, notamment via le concours général agricole, où sont couronnés « les plus parfaits représentants de leur espèce » parmi plus de 2 000 vaches, chèvres, moutons, porcs, chevaux, ânes, chiens et chats. Des milliers de médailles sont aussi décernées à des vins et produits régionaux (charcuterie, fromage mais aussi choucroute pour la première année…) Le Salon de l’agriculture a lieu tous les ans à Paris depuis 1964, sauf en 2021, édition annulée en raison de l’épidémie de Covid-19.

L’événement appartient au Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), constitué des grandes organisations agricoles, en particulier le fonds d’investissement Unigrains, fondé par les céréaliers français, la FNSEA ou encore son association de betteraviers CGB.