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Protection insecticide

Une ONG demande de suspendre la dérogation de Movento pour les betteraviers


AFP le 14/05/2024 à 19:20

Agir pour l'Environnement demande au Conseil d'Etat de suspendre en urgence une dérogation accordée aux betteraviers pour utiliser davantage un insecticide face au risque de jaunisse qui menace la production sucrière, a annoncé l'association mardi.

L’ONG affirme avoir « saisi le Conseil d’Etat dans le cadre d’un référé-suspension », une procédure d’urgence, afin d’obtenir la suspension de la dérogation annoncée le 5 avril par le gouvernement.

Avec cette dérogation de 120 jours, les betteraviers de France, première productrice européenne de sucre, pourront effectuer un troisième traitement de Movento (spirotétramate), produit par Bayer, au lieu de deux habituellement.

Le gouvernement envisage d’ores et déjà d’autres dérogations – pour aller jusqu’à un total de cinq passages – si la pression des pucerons verts, vecteurs de la jaunisse de la betterave, est trop forte cette année.

Cette mesure est jugée « indispensable » par les cultivateurs mais « insuffisante » face au risque élevé en 2024 de développement de ces pucerons à cause d’un hiver doux et très humide.

« La substance active du Movento, le spirotétramate, n’est plus autorisée au niveau européen depuis le 30 avril 2024 », rappelle l’association. « Paradoxalement, la France fait donc cavalier seul en autorisant pour 120 jours, c’est-à-dire jusqu’à fin juillet, une molécule interdite par l’Union européenne », dénonce-t-elle dans un communiqué.

« Le spirotétramate n’est absolument pas interdit au niveau européen, il n’a juste pas été réautorisé pour l’an prochain, parce que la firme ne l’a pas demandé », a-t-on réagi au cabinet de la ministre déléguée chargée de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher.

Si l’autorisation de leur mise sur le marché a expiré au 30 avril, les produits à base de spirotétramate peuvent encore être vendus jusqu’au 31 octobre 2024 et utilisés jusqu’au 31 octobre 2025, selon un bulletin de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) émis en mai 2024.

Agir pour l’Environnement rappelle que le Movento est « dangereux pour les abeilles », « toxique pour les milieux aquatiques » et « susceptible de nuire au foetus », selon l’Anses.

Après l’année désastreuse de 2020, les betteraviers avaient bénéficié de dérogations en France pour l’utilisation de semences enrobées de néonicotinoïdes. Celles-ci ont toutefois été totalement interdites fin 2022 par une décision de justice européenne vécue comme « un coup de massue » par les producteurs. En conséquence, ils réclament des dérogations sur d’autres types d’insecticides, en particulier l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé dans d’autres pays européens comme l’Allemagne.