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Une proposition de loi pour réautoriser certains produits phytosanitaires


AFP le 23/01/2025 à 10:15
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(© Stephane Leitenberger/adobe stock)

Le sénateur Laurent Duplomb (LR), coauteur d'une proposition de loi en faveur de la réautorisation de certains produits phytosanitaires, dont l'acétamipride, autorisés ailleurs en Europe, va demander à Matignon une procédure parlementaire accélérée, pour sauver des filières en danger, a-t-il déclaré mercredi.

L’examen de ce texte visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », débute lundi au Sénat.

Au nom de la souveraineté alimentaire, cette proposition de loi veut notamment réautoriser l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, a fait valoir Laurent Duplomb, lors d’une conférence de presse avec des responsables de la FNSEA et de plusieurs fédérations spécialisées. Nocif pour les pollinisateurs, l’acétamipride est interdit en France mais utilisé dans plusieurs autres pays de l’UE, notamment sur la betterave ou la noisette.

« La France a surtransposé » les règles européennes, a-t-il dit, « il suffit de revenir à ce que nos concurrents connaissent. Sinon nous avons une concurrence déloyale, y compris intra-européenne. On risque de voir disparaître des pans entiers de la production agricole et se jeter dans les importations » venant de pays qui autorisent ces molécules, a-t-il déclaré.

Des producteurs de pommes, de noisettes, de betteraves, de légumes, cerises ou encore de kiwis ont expliqué avoir vu en quelques années leur production baisser drastiquement en raison de divers nuisibles, faute de produits phytosanitaires désormais interdits, et les importations s’envoler.

« Pour les noisettes, la France autorise un seul pesticide, contre huit dans le reste de l’UE et 240 en Turquie », a déploré Jérôme Bissières, vice-président de l’Association nationale des producteurs de noisettes. Selon lui, « la moitié des producteurs sont au bord du dépôt de bilan et quelques-uns sont prêts à commettre l’irréparable ».

Faciliter la construction de réserves d’eau

Le sénateur a estimé que son texte intégrait « des sujets qui fâchent, évités dans le projet de loi agricole », qui arrive au Parlement le 4 février et dont il est aussi rapporteur. Y figurent notamment la facilitation de construction de réserves d’eau et de bâtiments d’élevage, et la fin de la séparation entre vente et conseils pour les produits phytosanitaires.

« Il faut que le Premier ministre accepte que cette proposition de loi soit sous procédure accélérée , car le sujet est urgent. Il a été cosigné par 192 sénateurs, donc je pense qu’il pourra passer au Sénat. A l’Assemblée, ce sera difficile », a-t-il dit, en estimant pouvoir « lever les freins du gouvernement ».

« On me disait que mon texte était beaucoup trop clivant. Mais il a infusé dans les esprits », a-t-il jugé.

« Sur la question de réautoriser l’acétamipride, nous n’avons pas encore d’arbitrage », a-t-il cependant reconnu, « mais pour nous c’est un casus belli ».