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Décarbonation

Une réflexion pour lever les freins au développement des biocarburants


TNC le 26/10/2023 à 16:55
colzaPixabay

Le gouvernement a réuni les différents acteurs des biocarburants pour lancer une réflexion sur l'accompagnement des filières (© Jerzy Górecki, Pixabay)

Réunis à Bercy le 26 octobre, les représentants des producteurs de biocarburants, de l’agriculture et du BTP ont amorcé une réflexion sur le développement des biocarburants, évoquant les freins à lever et l’accompagnement nécessaire des filières, suite notamment à la détaxation annoncée du gazole non routier (GNR).

Si la nécessité de décarboner ne fait plus débat, le coût de la transition suscite des inquiétudes et nécessite de « répondre à la demande des filières économiques concernées » en matière de visibilité et de mesures d’accompagnement, a rappelé Bruno Le Maire le 26 octobre. Le ministre de l’économie a réuni, aux côtés du ministre de l’agriculture et de la ministre de la transition énergétique, les représentants de la filière des biocarburants et les représentants des utilisateurs des biocarburants.

Des recettes fiscales fléchées vers la décarbonation

Alors que les énergies fossiles vont voir leur prix augmenter, et qu’elles ne sont pas produites sur le territoire français, la France dispose en revanche d’un réservoir de biomasse. 3 % de la surface agricole française est consacrée à la production de biocarburants, l’Hexagone est par ailleurs premier producteur européen d’éthanol et deuxième producteur de biodiesel. Néanmoins, la transition énergétique aura un coût. « Chaque euro de recette fiscale ira à la décarbonation des filières », a souligné Bruno Le Maire, comme ce sera par exemple le cas avec le GNR, dont la taxation progressive a été actée.

Des mesures pour accompagner le secteur

Pour accompagner spécifiquement l’agriculture, le gouvernement prévoit des mesures fiscales, avec une augmentation des plafonds de la déduction pour épargne de précaution, permettant de couvrir les dépenses liées à la décarbonation de l’exploitation, un rehaussement des seuils de recettes permettant de bénéficier d’une exonération totale ou partielle des plus-values professionnelles agricoles de cession, ou la revalorisation du plafond de recettes pour l’application du régime micro BA.

En parallèle, une enveloppe de 80 M€ est prévue pour financer la décarbonation de l’agriculture, le secteur ayant été retenu comme prioritaire, avec la forêt et les engins lourds, dans l’accès à long terme aux carburants issus de la biomasse.

Un accompagnement sera en effet nécessaire pour permettre le changement d’échelle. Pour le ministre de l’agriculture, si la décarbonation est une priorité, « il faut arriver à poser la question dans le débat public, car produire plus de biomasse, avec le facteur climatique, moins d’eau, moins de phytos, moins de moyens, il risque d’y avoir une difficulté ».

Des perspectives pour les engins agricoles ?

Le besoin d’expérimentation est également important, notamment sur le matériel roulant. « Certains aujourd’hui n’ont pas de perspectives, il faut regarder quelles alternatives on a pour le moment et dans cinq ans, dans dix ans… Pour les moissonneuses, c’est assez loin », souligne Marc Fesneau. L’augmentation de la production de biocarburants constitue, dans l’immédiat, la première solution pour décarboner massivement. Pour les engins agricoles, « les batteries électriques et l’hydrogène ne sont pas des solutions pour demain », a indiqué Bruno Le Maire, évoquant le problème de la puissance et du poids supplémentaire des batteries électriques, inutilisables dans les champs.

La distribution du diesel XTL, fabriqué à partir de gaz naturel et d’huiles végétales, devrait être amplifiée à partir de 2024. « Afin de faciliter son utilisation par les engins agricoles et de chantier, sera également créé un nouveau carburant décarboné pour les usages non routiers, le « GNR XTL », précisent les ministères.