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Vers une bourse des céréales des Brics ?


TNC le 07/11/2024 à 17:04
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Sous l'égide de la Russie, les neuf pays des Brics ont lancé fin octobre leur bourse des céréales. (© amazing studio, AdobeStock)

Vladimir Poutine a annoncé la création d’un marché céréalier des Brics, qui pourrait renforcer le poids des pays membres de cette organisation sur le marché mondial et rivaliser avec les bourses d’Euronext et de Chicago.

Lors de leur sommet annuel, du 22 au 24 octobre à Kazan (Russie), les Brics ont acté le lancement de leur propre bourse des céréales, qui pourrait ensuite être étendu aux oléagineux et aux légumineuses.

Les Brics sont un groupement de neuf pays – Russie, Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Égypte, Éthiopie et les Émirats arabes unis – qui veulent faire contrepoids face aux puissances économiques et politiques d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest, et notamment réduire leur dépendance au dollar américain.

« La Russie, premier exportateur mondial de blé, s’efforce depuis des années de développer ses propres mécanismes de fixation des prix des matières premières » pour contrer les bourses de matières premières agricoles occidentales, explique Reuters. Et cela, d’autant plus après la baisse des prix mondiaux des céréales ces derniers mois.

Lors du sommet de Kazan, Vladimir Poutine a indiqué que cette bourse « contribuera à la formation d’indicateurs de prix équitables et prévisibles » et à « protéger les marchés nationaux des ingérences négatives extérieures, de la spéculation et des tentatives de créer une pénurie alimentaire artificielle », relaie l’agence anglaise.

« La Russie est-elle en train de créer un nouveau canal d’échanges bilatéraux ? », interrogeait fin octobre Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, relayé par l’AFP. « La crainte, c’est que les relations qu’ils (les Russes) cherchent à développer ne se substituent aux appels d’offres et soient plus opaques », au risque de léser les grands exportateurs qui n’en font pas partie, notamment Europe et États-Unis.

Les Brics pèsent lourd dans le paysage céréalier mondial. Selon les chiffres du conseil international des céréales, rien que le Brésil et la Russie représentaient sur la campagne 2023/24 environ 27 % des exports mondiaux de blé et 23 % des exports de maïs.

Mais cette nouvelle bourse agricole, qui s’accompagnera de la création d’un marché à terme, pourrait être longue et laborieuse à mettre en place. Pour des questions de transparence et de fiabilité, en particulier : il n’est pas dit que les opérateurs de marché, notamment occidentaux, fassent confiance à une instance dominée par des pays comme la Russie ou la Chine.

Faute de beaucoup d’opérateurs, le marché à terme pourrait également manquer de liquidités, et donc de dynamisme.

« En raison des avantages dont disposent les bourses établies en termes de clients, d’infrastructures, d’historique et de liquidité, il faudra un certain temps pour que la nouvelle bourse rattrape son retard », a déclaré à Reuters Yaroslav Lissovolik, directeur du groupe de réflexion BRICS+ Analytics.

Certains analystes s’interrogent enfin sur la réelle utilité de ce projet initié par la Russie, sachant que d’autres membres des Brics (l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud notamment) disposent déjà de plateformes d’échanges de produits agricoles bien établies.