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Victimes des phytos : stabilité des demandes d’indemnisation


AFP le 14/08/2024 à 09:35

Le nombre de demandes d'indemnisations des victimes de maladies liées à l'usage des pesticides dans l'agriculture a été stable en 2023, avec un peu moins de 700 dossiers reçus par le fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), un organisme encore trop méconnu, selon un rapport de la CCMSA (sécurité sociale agricole) publié mardi.

« Pour la seule année 2023, 681 demandes nouvelles ont été adressées au Fonds et 523 décisions d’indemnisation ont été prises », selon Laurent Habert, président du conseil de gestion du fonds, créé au début de la décennie.

Sur les trois ans depuis la première année pleine de fonctionnement du fonds en 2021, 72 % des demandes ont donné lieu à une indemnisation à ce jour. La connaissance de l’existence et de l’action du fonds est « encore insuffisante », déplore M. Habert, qui souligne des « disparités géographiques dans les taux de recours ».

Parmi ces 681 demandes, 671 ont été déposées par des victimes directement exposées professionnellement, contre 645 pour l’année 2022, auprès de cette instance pilotée par la CCMSA. En 2023, dix dossiers concernaient des enfants exposés durant la période prénatale.

Depuis 2021, « trois secteurs (cultures céréalières lé élevage, viticulture) sont majoritairement représentés », souligne le rapport. L’année 2023 voit cependant « le nombre de victimes fortement augmenter pour l’arboriculture fruitière avec l’apparition de 35 nouveaux cas par rapport à 2022 et nettement diminuer pour le secteur de l’élevage bovin (- 37 cas) », soulignent les auteurs de cette étude.

L’augmentation du nombre de cas dans le secteur de l’arboriculture fruitière « peut en partie s’expliquer par l’arrivée de dossiers reçus des Antilles pour l’exposition au chlordécone et aux autres pesticides », notent-ils.

Comme les années précédentes, la viticulture compte un « nombre important de dossiers », du fait d’une forte exposition aux pesticides contenant de l’arsenic avant l’interdiction totale de son utilisation en 2001, souligne le FIVP.

Parmi les pathologies professionnelles les plus représentées figurent le cancer de la prostate, la maladie de Parkinson, le lymphome non hodgkinien ou encore le cancer du poumon, selon un tableau récapitulatif de l’activité du collège du FIVP.

Les auteurs du rapport relèvent « une concentration du nombre de demandes en grand Ouest, grand Est, et Picardie », ainsi qu’une augmentation du nombre de demandes dans certaines régions du fait d’actions d’informations localement relayées (notamment Maine et Loire et Antilles).

Dans les Antilles précisément, « malgré une évolution récente, le nombre de demandes demeure encore limité et la chaîne des actions qui va de la demande à l’instruction, puis le cas échéant à l’indemnisation, doit être rendue plus fluide pour que le plein accès à l’indemnisation soit effectif pour les personnes exposées au chlordécone et aux autres pesticides », estime Laurent Habert.