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Vins : l’Union européenne au chevet d’une filière dans la tempête


AFP le 28/03/2025 à 12:58

Arrachages de vignes et développement du vin sans alcool: la Commission européenne a proposé vendredi une série de mesures pour soutenir la filière viticole confrontée à la baisse de la consommation d'alcool et au changement climatique.

Avec la réduction de la demande, le secteur fait face « à une situation difficile, voire très difficile, particulièrement pour le vin rouge dans certaines régions du Sud de l’Europe », souligne un haut fonctionnaire de la Commission.

L’exécutif entend réagir avec ce « paquet vin », dont les mesures vont être soumises aux Etats membres et au Parlement, pour une mise en place fin 2025 ou début 2026.

Afin de lutter contre la surproduction, la Commission veut offrir plus de souplesse aux 27 dans les opérations d’arrachages et de replantations. Les autorisations de replantation seront, par exemple, rallongées de 3 à 8 ans, afin de laisser le temps aux viticulteurs d’évaluer si la demande est bien au rendez-vous. Les Etats membres pourront aussi plus facilement financer des arrachages ciblés dans des appellations en crise de surproduction.

L’Union européenne souhaite également mieux accompagner la filière face à l’impact croissant du changement climatique : « sécheresse, conditions météorologiques extrêmes et maladies végétales ».

La Commission voudrait relever de 50 à 80 % le plafond actuel des aides européennes autorisées pour cofinancer des mesures d’adaptation des vignobles au dérèglement du climat.

Le commissaire européen à l’agriculture Christophe Hansen s’est dit « convaincu » que ces propositions « contribueront à stabiliser le marché ».

Négociations avec les Etats-Unis

Du côté de la demande, l’Union européenne veut donner plus de visibilité aux vins sans alcool et aux vins « light », à faible teneur en alcool, grâce à des définitions harmonisées entre les 27. Jusqu’à 0,5°, la Commission endosse clairement cette dénomination de « vin sans alcool », contestée par une partie de la filière. « On ne va pas monter les uns contre les autres, on voit ça plutôt comme un complément », souligne-t-on à Bruxelles.

« On voit bien que chez les jeunes, la consommation de vin diminue fortement et qu’il y a une demande pour le sans alcool ou le « light ». On veut faciliter le développement de ce segment de marché », dit le haut fonctionnaire.

La Commission promet plus largement un étiquetage harmonisé des vins grâce à des QR codes. Elle veut aussi stimuler l’oenotourisme et étendre de 3 à 5 ans les campagnes de promotion financées par l’Union européenne dans des pays tiers.

Le Copa-Cogeca, organisation européenne des syndicats agricoles majoritaires, a salué ces mesures, tout en critiquant le manque d’engagements sur le plan financier.

Sans lien direct avec les menaces de guerre commerciale avec les Etats-Unis, ces annonces interviennent dans une période de profonde inquiétude dans le secteur. Les vignerons redoutent que Donald Trump mette à exécution ses menaces des tarifs douaniers de 200 % sur les alcools européens si l’UE ne renonçait pas à taxer le bourbon américain.

Dans ce contexte international « beaucoup plus difficile et erratique », « on essaie de négocier » avec les Etats-Unis pour éviter le « jeu perdant-perdant » de la « guerre commerciale », martèle-t-on du côté de la Commission.

Avec 60 % de la production mondiale, l’Union européenne est le premier producteur, consommateur et exportateur de vin sur la planète.

Dans un récent rapport sur les perspectives agricoles, l’UE tablait sur une baisse de 1 % de la consommation européenne de vin chaque année, en raison du changement des modes de vie.

La consommation passerait à 19,8 litres par personne en 2035, contre une moyenne annuelle de 22,3 litres entre 2020 et 2024.