« Mon projet : réintroduire l’élevage sur la ferme familiale céréalière »
TNC le 05/03/2021 à 06:01
Elle est maintenant fixée : c'est de l'élevage qu'elle fera ! Adèle Tondellier, future agricultrice de la Somme (80) prévoit de reprendre les rennes de l'exploitation familiale en 2022. Son projet : monter un atelier laitier avec transformation sur cette ferme céréalière.
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes qui se tiendra le 8 mars prochain, Web-agri a choisi de mettre à l’honneur une future agricultrice : Adèle Tondellier. La jeune picarde a pour ambition de s’installer prochainement sur l’exploitation familiale avec un projet atypique : réintroduire l’élevage laitier dans cette ferme céréalière.
« Le tracteur, ce n’est pas mon truc ! »
Du haut de ses 23 ans, Adèle sait ce qu’elle veut : élever des vaches plutôt que faire du tracteur. Après un bac pro agricole, un BTS productions animales, un CS en transformation laitière et de nombreux stages en élevages, elle en est sûre : « J’ai la fibre élevage, c’est ce que je veux faire. » Et en attendant de s’installer, elle travaille au service de remplacement du secteur où elle s’occupe à la fois de vaches, chèvres ou encore de cochons.
Projet d’installation : monter un élevage laitier de toute pièce et transformer le lait.
En 2022, elle devrait prendre la suite de son père sur la ferme familiale. Le hic : il n’y pas une once d’élevage. « Mon père faisait des vaches laitières auparavant en SCL avec un voisin. Le troupeau était chez ce voisin en question, mais en 2015 mon père a décidé d’arrêter. Depuis, il cultive les 70 ha de SAU en blé, colza, lin, betteraves et un peu de maraichage récemment. » Ça ne décourage pas Adèle ; la jeune femme entamera prochainement son parcours à l’installation avec pour projet de monter un élevage laitier avec transformation et vente à la ferme.
Monter un élevage avec transformation laitière
Bien qu’elle en soit au tout début de son projet, Adèle a déjà une bonne idée de ce qu’elle compte bâtir : un système très simplifié. « Si je veux pouvoir assurer les vaches, les champs et la transfo, il ne faut pas partir sur un trop gros projet. J’ai dans l’idée d’élever 20 à 30 vaches laitières de race Jersiaise en système herbager bio et en monotraite. Côté cultures, ce serait essentiellement de l’herbe et des cultures autoconsommées pour le troupeau, mais pas de maïs. »
Pour le bâtiment des vaches, elle vise une aire paillée à laquelle sera accolée la salle de traite 1×5 TPA. « Il y a bien quelques bâtiments existants sur l’exploitation mais ils ne sont plus aux normes et nous n’avons plus de numéro d’élevage. On repartira donc de zéro. » Pour les génisses, elle s’intéresse aux bâtiments circulaires. Reste encore à tout chiffrer…
Côté transformation, elle lancera prochainement une étude de marché pour définir les types de produits sur lesquels partir. « J’aimerais que la commercialisation puisse se faire à la ferme, en développant pourquoi pas par la suite un accueil de public. Je vise aussi la revente aux restaurateurs et aux épiceries fines », explique-t-elle.
Un projet audacieux que certains déconseillent
Le père d’Adèle ne semble pas dérangé par son projet : « Il a compris que c’est ce qui me plaisait. Il me soutient. C’est plutôt le reste de ma famille qui s’inquiète. D’une part parce que je m’installerai seule et aussi parce que je suis une femme. Sous prétexte que j’ai moins de force et que je ne conduis pas trop les tracteurs… »
Pourquoi vouloir faire des vaches quand on a une ferme de grandes cultures ? », s’étonnent certains.
Adèle a alors tenté de récolter des conseils auprès de ses collègues. Pour cela, elle a posté un message évoquant son projet sur la page Facebook des producteurs de lait. Et là, ça a été la douche froide : « La plupart des gens qui m’ont répondu étaient plutôt pessimistes, ça n’était pas motivant. » En effet, les commentaires fusent comme : « Quand on a la chance de naître céréalier, il faut surtout tout faire pour le rester », ou « Si tu disposes des grandes cultures, pourquoi t’embêter à faire des vaches ? ». Mais Adèle ne l’entend pas de cette façon : « Pour commencer, 70 ha de cultures, ce n’est pas énorme pour en vivre, donc autant développer une nouvelle activité qui me plait. »
Et quand d’autres lui recommandent de plutôt s’associer à une structure laitière déjà existante, elle répond : « Mon objectif est de faire perdurer la ferme familiale. » Et c’est déjà un très beau projet ! Maintenant place aux chiffrages, études de marché, installation et… lancement des travaux.